CHAPITRE XII

Yves frictionna sa joue et son front, encore souillés par la salive du geôlier, et observa un silence craintif. Leur adversaire gisait près d’eux, étalé sur le sol. L’enfant fixa des yeux ronds sur l’homme qui lui faisait face : le clair de lune jouait sur la blancheur de ses dents et sur l’éclat de ses yeux d’ambre. Son capuchon avait glissé, révélant des cheveux bruns lisses bien qu’ébouriffés par la lutte ; éperdu d’admiration, l’enfant découvrit un beau visage énergique dont chaque trait respirait l’audace de la jeunesse. Il avait déjà eu des héros, parmi lesquels son propre père, mais celui-ci était plus jeune et surtout il se trouvait à ses côtés.

— Rends-le-moi ! ordonna l’inconnu en tendant une main impérieuse vers le tissu.

Le jeune homme roula en boule une extrémité du linge et la plaça dans la bouche du garde, de façon à former un bâillon, puis, le dépliant dans toute sa longueur, il lui en banda les yeux. Ensuite, il le noua au ceinturon qui ligotait les bras de son prisonnier. A défaut de corde, il défit le lacet de son justaucorps de cuir et lui en ficela les chevilles. Enfin, il rattacha le tout à ses poignets. Désormais, le malheureux évoquait un paquet prêt à prendre la route sur le dos d’un poney. Yves regardait le jeune homme s’activer, fasciné par sa rapidité et son économie de moyens.

Ils échangèrent un coup d’oeil, satisfaits l’un de l’autre, et Yves ouvrit la bouche, mais l’inconnu mit un doigt sur ses lèvres, sans cesser de sourire.

— Attends ! intima-t-il de sa voix grave, à peine plus haute qu’un murmure. Assurons-nous d’abord que nous pouvons repartir par le chemin que j’ai pris.

Yves s’immobilisa, sur le qui-vive, tandis que l’inconnu s’inclinait sans bruit sur la trappe, l’oreille collée au sol. Au bout d’un moment, il la souleva avec précaution et plongea le regard dans les ténèbres de la tour. Non loin d’eux, dans la cour et sur le chemin de ronde, la garnison était en état d’alerte. Au contraire, le silence régnait dans la tour.

— Nous pouvons y aller, dit le jeune homme. Ne me quitte pas d’une semelle et fais exactement tout ce que je fais.

Il s’engagea sur l’échelle, suivi du jeune garçon, moins agile que lui. Dans la pénombre de l’étage inférieur, ils se plaquèrent contre le mur du fond mais rien ne se produisit. Un escalier succédait à l’échelle. Une fois parvenus à mi-hauteur du bâtiment, ils entendirent le brouhaha du rez-de-chaussée, accompagné d’une clarté mouvante : un brasero et des torches dont les lueurs filtraient sous une large porte. Encore un palier, et ils atteindraient le pied de la tour. Dès lors, seule cette porte les séparerait d’Alain le Gaucher et de ses complices. D’un bras, le jeune homme attira Yves contre lui.

La base de la tour étant constituée de pierraille et de terre battue, l’air qu’ils respiraient ici paraissait plus froid encore qu’à l’abri du parapet. En clignant des paupières, Yves discerna dans un recoin l’embrasure d’une poterne et, du premier étage, sentit s’exhaler des bouffées glaciales : à n’en pas douter, la poterne donnait sur l’extérieur. S’ils rejoignaient le rez-de-chaussée, ils n’auraient qu’à ouvrir la petite porte par laquelle le sauveur avait sûrement passé... Du moment que son héros le protégeait, l’enfant n’éprouvait pas la moindre appréhension à l’idée d’affronter les collines en pleine nuit : ce que l’inconnu avait réussi seul, les deux fugitifs le réussiraient ensemble.

Ce fut la première marche qui causa leur perte. Jusqu’alors, ils avaient avancé dans un complet silence mais dès que le jeune homme posa le pied sur l’escalier, le bois s’affaissa par le milieu et se détendit avec un craquement dont l’écho se répercuta à l’infini. Quelqu’un donna l’alarme, des pas se précipitèrent, puis la grande porte roula sur ses gonds, dans un flot de lumière, et déversa une cohorte d’hommes armés.

— Remonte ! cria le jeune homme, empoignant Yves pour le pousser devant lui. Sur le toit, vite !

Ils n’avaient pas d’autre retraite. Déjà, l’un des pillards se ruait vers eux avec un hurlement de rage, suivi de trois ou quatre comparses, dans un vacarme qui emporta les fuyards en direction du Sommet.

Lorsqu’il distingua enfin l’échelle, au terme de leur ascension, Yves se sentit soulevé vers la trappe, qui le surplombait à hauteur d’homme. En s’agrippant des deux mains, il s’efforça de grimper vers l’ouverture, sans conviction, car il hésitait à laisser son compagnon derrière lui.

— Vas-y ! Vite ! lui ordonna le jeune homme.

Au terme de son escalade, l’enfant atterrit sur le ventre. Anxieux, il se pencha vers l’ouverture : des ombres s’agitaient dans une mêlée que la lune nimbait d’une clarté fantomatique. L’un de leurs poursuivants bondissait de marche en marche et son épée traçait des moulinets dans la cage de l’escalier. Sa carrure massive dissimulait la silhouette de ses comparses.

Jusqu’à présent, Yves n’avait pas remarqué que son héros possédait également une épée. Celle qu’ils avaient arrachée au geôlier gisait sur le toit. Yves ne s’était emparé que de son poignard, à titre de dédommagement pour la dague que les maraudeurs lui avaient confisquée. L’éclair d’une lame troua les ténèbres pendant que le malfrat poussait une exclamation de fureur ; son épée vola dans les airs et alla fracasser une marche. Une seconde plus tard, un bras le saisit aux aisselles pour le repousser dans les profondeurs de l’escalier et il entraîna ses compagnons dans sa chute. L’un d’entre eux dérapa au bord du vide et bascula.

Sans même leur accorder un regard, le jeune homme s’élança sur les barreaux de l’échelle et fit irruption à côté d’Yves. Quand il jeta son épée sur le toit, elle scintilla sur le verglas. Aussitôt, ses mains musclées empoignèrent les montants de l’échelle. Yves vint le seconder dès qu’il comprit ses intentions et, de toutes ses forces, il tira sur les barreaux : l’échelle était calée, mais non fixée, par des barres de bois. Enfin, elle se libéra avant que leurs assaillants ne réapparaissent dans l’escalier. On entendit leurs bonds, leurs jurements furieux.

L’échelle s’abattit sur le toit avec un bruit de verre brisé : elle venait de casser un peu de glace sous son poids. Lorsque Yves s’approcha de la trappe pour la fermer, le jeune homme lui fit signe de s’écarter. L’enfant obéit sans discuter. Son héros avait toujours raison.

Avec son habituel sourire, le jeune homme s’inclina alors sur leur prisonnier, qui se débattait dans ses liens, et le saisit par la courroie qui lui liait les pieds et les poings. Il le traîna jusqu’à la trappe et, d’un geste délicat, l’envoya rejoindre ses camarades, ce qui provoqua de nouveau une bousculade générale, suivie d’un certain nombre de chutes dans le vide. Des vociférations retentirent, auxquelles il mit fin en fermant la trappe.

— Vite, maintenant, ordonna-t-il d’un ton bref. D’abord posons l’échelle, sur la trappe. Bien ! Si tu t’appuies de ton côté et moi du mien, ils n’arriveront pas à nous déloger.

A plat ventre, Yves pesa de tout son poids sur l’échelle ; pantelant, il enfouit son visage dans ses bras afin de ne plus entendre leurs poursuivants qui s’époumonaient, fous de rage, six pieds en dessous d’eux. Une épée, une lance n’auraient pu entamer les planches et encore moins s’immiscer par les fentes. En outre, si les pillards se taillaient un passage à la hache, ils ne pourraient surgir que l’un après l’autre. Or les deux fugitifs étaient armés. Yves retint son souffle et allongea les bras et les jambes. Il regrettait amèrement de n’être pas obèse. Malgré le froid, il ruisselait de sueur.

— Regarde-moi, petit, demanda le jeune homme d’une voix enjouée. Fais-moi voir ta gentille frimousse : elle doit être couverte de poussière. J’ai envie de contempler mon trophée !

Yves redressa la tête et son regard sonda les yeux d’or : son héros lui souriait. Il détailla un visage ovale, aux pommettes hautes et aux sourcils fins, des lèvres minces et un nez aquilin. Bien qu’il fût imberbe comme les Normands, l’étranger avait le teint hâlé. Ses joues lisses brillaient.

— Ne t’inquiète pas, laisse-les crever de rage, poursuivit le jeune homme : ils se fatigueront les premiers. Ici, ils n’ont aucune chance de nous rattraper, ce qui nous donne le temps de réfléchir. Simplement, reste bien à l’abri du parapet et ne te montre pas, car ils risquent de placer des archers en bas.

— Et s’ils incendiaient la tour ? demanda Yves, à mi-chemin entre la terreur et la surexcitation.

— Ils ne sont pas aussi stupides : le feu se propagerait jusqu’au manoir. Et surtout, pourquoi agir à la hâte ? Ils savent que nous sommes bloqués. Prisonniers ici ou derrière un verrou, nous voilà à leur merci. Messire Yves Hugonin, il convient de prendre une décision !

Il leva la main pour lui intimer le silence et écouta. Les clameurs s’étaient résorbées en un long murmure qui évoquait une atmosphère de conspiration.

— Ils ne semblent pas si mécontents que cela, observa le jeune homme. Ils estiment sans doute que le froid se chargera de nous. On a besoin d’eux, en bas, et tout ce qu’il leur faut, c’est une ou deux sentinelles pour surveiller le pied de la tour. Ils nous égorgeront quand ils voudront.

Cette perspective ne paraissait pas l’affecter outre mesure. Les voix s’étaient tues. Il avait vu juste : Alain le Gaucher paraît au plus pressé et alignait ses hommes le long de la palissade. Que leurs Seigneuries profitent bien de leur domaine avant que le gel ne les paralyse ou ne les tue. De toute façon, les prisonniers ne s’enfuiraient pas.

Un silence suspect s’était abattu sur le repaire tandis que la morsure du froid se faisait de plus en plus intense.

Le jeune homme cessa de guetter les mouvements de l’ennemi et tendit un bras vers le petit garçon :

— Approche-toi, partageons le peu de chaleur dont nous disposons. Viens ! Nous pourrons bouger tout à l’heure, mais pour l’instant il faut garder cette trappe fermée.

Yves rampa à même les barreaux, rejoignit le jeune homme, qui l’attira vers lui, et tous deux se blottirent l’un contre l’autre. L’enfant prit une profonde inspiration et appuya presque timidement la joue sur l’épaule de son sauveteur.

— Vous savez qui je suis, remarqua-t-il d’un ton peu assuré, mais je ne vous connais pas.

— C’est que jusqu’à maintenant je n’ai pas eu le loisir de me présenter à Votre Seigneurie avec tout le respect qui lui est dû ! Yves, pour tout le monde je suis Robert, fils d’un paysan de la forêt de la Clee. Mais devant toi, ajouta-t-il gaiement, je peux avouer la vérité, si tu es capable de tenir ta langue. Je suis l’un des plus jeunes et des plus humbles écuyers de ton oncle, Laurence d’Angers, et je m’appelle Olivier de Bretagne. Mon seigneur m’a envoyé à votre recherche ; il s’inquiète beaucoup. Mais maintenant que je t’ai trouvé, je ne te lâcherai plus.

Yves resta bouche bée, à la fois soulagé et perplexe.

— Vraiment ? dit-il enfin. Mon oncle vous a demandé de nous ramener ? En effet, à Bromfield, on m’avait prévenu qu’il essaierait de nous retrouver, ma soeur et moi. Elle... ma soeur... elle est partie ! Je ne sais pas ou elle est...

Les mots moururent sur ses lèvres... La pensée d’Ermina le saisissait d’angoisse.

— Mais moi, je le sais ! Ne te tourmente pas pour elle, elle est saine et sauve à Bromfield, justement. Tu me crois, j’espère ? C’est moi qui l’ai conduite au prieuré, puisque tu venais d’y arriver, et j’ai appris à ce moment-là que tu avais disparu. Tu peux me croire. Pourquoi te mentirais-je ?

— Il fallait que je m’en aille. Je ne pouvais pas faire autrement...

Des sentiments contradictoires se bousculaient dans la tête du jeune garçon. A présent qu’Ermina n’était plus en danger, il se sentait enfin le droit de déverser toute sa rancoeur. A cause d’elle, que de souffrances !

— Vous ne la connaissez pas ! Rien ne l’arrête ! Dès qu’elle s’apercevra de mon départ, elle tentera absolument n’importe quoi pour me rattraper ! D’ailleurs, toutes ces catastrophes, c’est elle et elle seule qui les a provoquées ! S’il lui en prend fantaisie, on peut s’attendre au pire. Non, vous ne la connaissez pas comme moi !

Olivier éclata d’un rire dont Yves ne comprit pas la signification.

— Elle t’attendra bien sagement à Bromfield, affirma-t-il. Mais d’abord, raconte-moi ton histoire. Livre-moi le fond de ton coeur ! Tu as le temps, il vaut mieux ne pas s’éloigner pour l’instant : j’ai entendu quelqu’un s’agiter en bas.

Yves n’avait rien remarqué.

— Tu t’es enfui de Worcester, je suis au courant, et puis ta soeur t’a abandonné : je sais pourquoi. Elle ne s’en est pas cachée. Au cas où cela t’intéresserait, je te signale qu’elle n’a pas épousé Evrard Boterel, en fin de compte, et qu’elle n’en a nullement l’intention : c’était une erreur de jeunesse ! Maintenant, dis-moi : que s’est-il passé après son départ ?

Yves se nicha plus étroitement contre l’accueillante épaule, couverte d’un manteau de gros drap rugueux. Il relata toute son histoire, depuis son errance dans la forêt jusqu’à son arrivée au prieuré de Bromfield, sans oublier la découverte du corps de soeur Hilaria, puis sa course désespérée, en pleine nuit, sur les traces du pauvre frère Elyas.

— Je l’ai laissé dans la cabane sans penser à...

L’enfant réprima un frisson en se remémorant les paroles du malheureux, mais ces mots-là, il n’aurait osé les répéter à personne, pas même à son héros.

— Je n’ai pas remis la barre sur la porte... A votre avis, les hommes du shérif vont-ils le sauver à temps ?

— Lorsque Dieu le voudra, répondit Olivier, et ce sera toujours à temps. Ton Dieu est miséricordieux envers les pauvres d’esprit et il s’emploie à ramener les brebis égarées.

L’étrangeté de cette phrase frappa aussitôt le petit garçon :

— Mon Dieu ?

— Oh ! c’est aussi le mien, encore que je sois venu au christianisme d’une manière un peu particulière. Yves, ma mère était une musulmane de Syrie, et mon père un croisé de l’armée de Robert de Normandie. Il venait d’Angleterre et il y est retourné avant ma naissance. Dès que j’ai atteint l’âge d’homme, je me suis converti à sa religion et j’ai rejoint ses pairs à Jérusalem. C’est là que je suis entré au service de ton oncle, et puis je l’ai accompagné ici. Je suis chrétien comme toi, mais de mon propre choix. Et j’ai la conviction, Yves, que tu retrouveras frère Elyas vivant... A présent, il serait judicieux de chercher une solution pour quitter ce lieu.

— Comment avez-vous pu pénétrer ici ? Comment saviez-vous qu’ils m’avaient capturé ?

— Je n’avais aucune certitude jusqu’à ce que cette brute t’exhibe au sommet de la tour. Quelques heures plus tôt, je les avais aperçus de loin, avec leur butin, et je m’étais lancé à leur poursuite dans l’espoir de débusquer leur antre. Comme on avait perdu ta trace la nuit même de leur expédition à travers la campagne, il n’était pas impossible qu’ils t’aient fait prisonnier, ne fût-ce que pour réclamer une rançon.

— Alors, vous avez vu nos amis dans le sous-bois.

— Ce sont tes amis, sans aucun doute. Mais les miens... ? Voilà des amis qu’il vaut mieux éviter, puisque je suis l’écuyer de ton oncle et que mon maître est l’homme lige de l’impératrice Mathilde. Je n’ai pas la moindre envie de tomber entre les mains du shérif, si c’est pour aller moisir au fin fond d’une prison du Shropshire ! En tout état de cause, j’ai une dette envers eux, car c’est à la faveur de leur assaut que je me suis approché de la forteresse à l’instant où les pillards couraient claquer la porte. Si l’armée du shérif n’avait pas détourné leur attention, je n’aurais jamais réussi. Une fois à l’intérieur, ils m’ont pris pour un des leurs : quelle différence, dans la pénombre, entre un rustre et un autre ? J’ai deviné où ils t’avaient enfermé quand le geôlier est venu relayer son camarade.

— Donc, vous savez également que si le shérif a décidé de se replier, c’est parce que leur chef menaçait de me tuer. Mais Hugh Beringar n’est pas loin, j’en suis certain : il ne lâche pas si facilement sa proie. Or, maintenant que cette menace a disparu, rien ne les empêche de tenter une nouvelle attaque.

Ayant saisi sa pensée, Olivier le considéra avec un respect mêlé d’amusement. Son regard parcourut l’épée du geôlier, abandonnée dans son fourreau près du parapet, puis le heaume pointu qui avait roulé dans un coin. Une lueur dansa dans ses yeux d’ambre.

— Dommage que nous n’ayons pas de trompette pour sonner l’assaut, mais nous possédons sûrement de quoi fabriquer un tambour tout à fait acceptable... Vas y, mets-toi près du mur et fais de ton mieux. Je reste ici à monter la garde. Il va leur falloir plusieurs minutes pour démolir la trappe. Et puis, ils auront de quoi se distraire, en bas, si tes amis sont aussi astucieux que toi.

La vierge dans la glace
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